Robert Desnos: Les charmes de la nuit





LES CHARMES DE LA NUIT

Quand on confie son corps aux charmes de la nuit
Il semble voir paraître à travers la fenêtre
Le visage lointain de ceux que l'on connut
où étiez-vous ? où était-elle ? où serons-nous ?
Le temps qui s'abolit et renaît de lui-même
ne répond même pas aux questions des passants,
Ces fleurs qui s'effeuillaient ces souffles oubliés
ont atterri bien loin sur des terres nouvelles
on les voit resplendir à l'éclair des prunelles
dans un accent de voix dans un geste inutile
Ils mourront tous à l'heure dite à la va-vite
Ces yeux s'éloigneront ainsi que deux lanternes
que l'on voit disparaître aux routes en forêts
Ces yeux reparaîtront on reverra leur cerne
on ressent leur regard Eh quoi ce n'est pas eux
La vie est parcourue de fantômes futiles
De loin on reconnaît la démarche amicale
Et de près ce n'est plus qu'une vaine vapeur
Squelette ridicule ou burlesque brouillard
allez-vous-en allez-vous-en je ne crains plus
que le mystère enclos dans la réalité.





Man Ray: L'Oeuf




OS ENGADOS DA NOITE

Cando un confía o corpo aos engados da noite
pode chegar a ver a través da ventá
o rostro lonxano dos que se coñeceron
onde estades? onde vai ela? onde iremos nós?
O tempo abolido renace de si mesmo
e non resposta nin ás cuestións dos transeúntes,
as flores que esfollaban hálitos esquecidos
agromaron moi lonxe en terras descoñecidas
poden verse a brillar na luz das meniñas
nun acento de voz nun xesto inútil
morrerán todas á hora fixada
Eses ollos irán ben lonxe como dúas lanternas
que esvaecen nos sendeiros da fraga
Eses ollos volverán verase o seu máxico circo
séntese o seu ollar  E que se non son eles
A vida percórrena pantasmas futís
De lonxe recoñécese o feitío amigable
E de cerca non hai máis que un vago vapor
Esquelete ridículo ou brétema burlesca
marchade marchade non temo máis
que o misterio agochado na realidade